Au mois de novembre dernier, Simon, étudiant de 20 ans à l’université Laval, a remarqué une bosse inhabituelle qui se formait sur son cou. Il ignorait à l’époque qu’on lui diagnostiquerait quelques mois plus tard un stade 4 du lymphome de Hodgkin, une forme de cancer des ganglions. Cette nouvelle viendrait bouleverser profondément son quotidien pour les mois à venir. À travers ce processus éprouvant et angoissant, Simon a su se découvrir une force mentale insoupçonnée, mais surtout, il a appris qu’il pouvait compter sur le support d’une communauté et d’un groupe d’amis en or.
Un diagnostic qui a évolué
À l’université, la session d’automne était plus difficile et Simon était constamment accablé de fatigue. « J’étais un peu en mode survie », se rappelle-t-il. Préoccupé par sa baisse d’énergie, il a donc consulté un médecin à Québec et a reçu un diagnostic de mononucléose. Déjà, le médecin songeait également à la possibilité d’un lymphome. Après radiographies, échographies et discussions auprès de plusieurs spécialistes, le risque d’un potentiel cancer devenait de plus en plus réel et le besoin de valider le tout par une biopsie était imminent. « Dans ma tête, dès que j’ai su que c’était une possibilité, je savais que c’était ça. Je n’ai pas regretté de m’être préparé au pire », explique Simon.
« Ok, on va se battre »
Dans le bureau du médecin, j’ai eu l’impression que mon monde s’écroulait. Je me rappellerai toujours le trajet du bureau du médecin pour se rendre au département où l’on fait les prises de sang (car on devait déjà préparer les premiers traitements). Le moment était au ralenti, c’était comme dans un film », se remémore Simon.
« J’ai trouvé une force que je ne pensais pas que j’avais en dedans de moi. Tu te découvres à travers ce parcours-là. […] Je me suis dit « ok, on va se battre’ » »
Le 22 mars dernier, Simon annonçait publiquement à ses amis et connaissances, par le biais des réseaux sociaux, qu’il était atteint du cancer. Alors que plusieurs personnes attendaient s’inquiétaient de son état de santé, il s’est dit qu’il allait rendre publique sa nouvelle réalité afin de tenir ses contacts au courant de ce qu’il traversait. « Je me suis dit : ‘tout le support que je peux aller chercher je vais le prendre, je ne veux pas vivre ça seul’. […]. Le partage de cette nouvelle le jour même de son diagnostic, a occasionné de nombreuses réactions ; Simon a reçu plus de 200 messages de soutien. « J’ai eu des messages de gens qui avaient vécu ce que je suis en train de vivre. » Cet appui a été des plus bénéfiques pour Simon, cela lui a donné le courage nécessaire pour mieux envisager la suite.
La naissance d’un projet
Pour ses amis, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Marco, meilleur ami de Simon, bien qu’au courant de ses récents problèmes de santé, était complètement sous le choc à la suite du diagnostic. « Je ne m’étais pas mentalement préparé à ça » explique-t-il. Aussitôt, il s’est dit qu’il allait être auprès de lui dans cette bataille.
Quelques jours plus tard, alors qu’il pédalait, Marco a envoyé un message à son bon ami en lui disant que ses randonnées de vélo des prochains mois lui seraient dédiées. C’est alors que lui est venue l’idée d’organiser de façon plus concrète un tour de vélo adressé spécifiquement à son ami malade. Le but était de mettre sur pied un événement sportif rassembleur qui permettraient aux participants d’avoir une pensée particulière pour Simon le temps d’une journée et d’amasser par la même occasion des fonds pour appuyer financièrement la famille et soutenir la recherche pour le cancer.
« Je voulais organiser une journée où tout le monde se rassemble pour honorer Simon et penser à lui. »
Cette activité en l’honneur du combat de Simon se devait de représenter un certain défi physique, afin de rappeler les obstacles qu’allaient devoir affronter l’étudiant au cours des mois futurs. « Je voulais avoir mal pour lui » explique Marco, même s’il conçoit que les traitements de son ami sont plus exigeants que n’importe quelle épreuve sportive. Pour chaque 1000 dollars amassés au cours de la levée de fonds, le groupe de cyclistes ferait 10 kilomètres de vélo, avec un objectif total de 100 kilomètres.
L’organisation que nécessitait la mise en œuvre de cette levée de fonds était considérable. Gestion de la plateforme de dons, communication avec les municipalités comprises dans le parcours, organisation avec la mairie de St-Jérôme d’un repas extérieur à la gare municipale, recherche de commandites, préparation de repas à vendre pour amasser davantage de fonds… Les tâches pour faire de ce projet une réalité étaient nombreuses. Leur ami David, cycliste expérimenté, a aidé à planifier le trajet. Marco, qui jonglait déjà entre les études universitaires, un stage et la gestion de son entreprise personnelle, a mis ce projet en priorité pour le bénéfice de son ami.
Avant de concrétiser cette campagne de financement, il a sondé l’opinion de Simon, qui a été profondément touché par la pensée de son ami. « Quand Marco m’a écrit pour me parler de l’idée, je me suis mis à brailler tout de suite », raconte-t-il. « J’étais vraiment dans le vif de l’émotion ».
Dès la publication de l’événement sur Facebook, le projet suscitait beaucoup d’intérêt. Marco se réjouit de ce support incroyable reçu : « plein de gens me contactait en disant « je ne suis pas un grand cycliste, mais je le goût d’aider, qu’est-ce que je peux faire? » ». Dans sa lutte contre le cancer, Simon a eu une poussée vers l’avant. Cette journée a été pour lui des plus mémorables, il a trouvé ça beau de voir autant de gens réunis pour l’appuyer.
« Ça a été vraiment touchant pour ma part de recevoir ce support-là. Je ne m’attendais pas à une telle vague d’amour ».
Simon, malgré les traitements qui l’affaiblissaient, a parcouru 18 kilomètres. « J’avais eu de la chimio le vendredi et l’événement a eu lieu dimanche. Je me suis dit que j’allais rouler quand même. J’étais relativement en forme, probablement en raison de l’émotion et du support que j’avais qui me donnait de l’énergie ».
Au total, plus de 10 000$ en dons ont été amassés. Parmi les nombreux participants ayant contribué à la tenue de l’événement, une quarantaine de cyclistes ont pédalé pendant la journée. Une dizaine ont effectué le 100 kilomètres au complet. Un de leurs amis qui faisait du vélo pour la première fois a fait le 100 kilomètres en entier. Certaines ne connaissaient pas Simon du tout et étaient simplement présents pour appuyer la cause. « C’est touchant de voir les amis et les membres de la famille rassemblés, mais c’est encore plus touchant de voir des gens qui ne le connaissent même pas qui viennent le supporter quand même. » affirme Marco. « De réfléchir ainsi de façon collective à la cause du cancer met les choses en perspective. Tout le monde se dit « ça aurait pu être moi ». »
La prochaine étape
Malgré le parcours ardu devant lui, Simon reste très serein. Il se dit chanceux d’avoir un cancer qui se guérit généralement bien, d’être suivi par un excellent spécialiste et de pouvoir compter sur le support incroyable de ses amis et de sa famille. L’histoire de Simon en est une de résilience et d’espoir. Elle rappelle que devant l’adversité, l’amitié peut donner la force de tout surmonter.
« En ce moment, j’ai beaucoup de signes encourageants et je m’accroche là-dessus. J’ai déjà fait trois chimio et je me dis qu’il en reste moins qu’avant. » Simon, qui a souvent vécu de l’anxiété dans le passé, se surprend aujourd’hui à mieux gérer l’inconnu. Il se dit qu’il faut accepter les moments où l’on va moins bien en se rappelant que c’est temporaire.
« Je vis beaucoup dans le moment présent parce que c’est tout ce que je peux faire. Il faut y aller un traitement à la fois. C’est une bataille qui est très mentale. »
Simon pense déjà à ce qui va venir après sa guérison et planifie un voyage en décembre. « J’essaie de me projeter dans la vie après le cancer. Je ne veux pas que mon mind-set change quand ça va devenir plus difficile. Ce que je veux, c’est inspirer le plus de gens possible ». Parmi ses modèles, Maxence Parrot est une grande source d’inspiration. Il a eu exactement le même cancer que Simon et est ensuite parvenu à remporter deux médailles aux derniers jeux olympiques d’hiver à Pékin . De savoir que cet athlète a su décrocher un titre olympique après avoir vaincu ce cancer motive grandement Simon. « J’essaie de penser à ce que vont être mes jeux à moi, après. »
Vous avez envie d’appuyer la recherche pour le lymphome de Hodgkin et de supporter Simon et ses proches? La campagne de levée de fonds est encore ouverte. Vous pouvez faire un don juste ici.