l’âge de 17 ans, Vincent, jeune hockeyeur espoir épanoui, pouvait envisager l’éventualité d’une carrière professionnelle. Membre de l’équipe des Océanic de Rimouski au sein de la ligue junior majeur du Québec, le sportif de classement midget aaa ignorait qu’un événement dramatique viendrait tout bousculer. Retourné dans son patelin pour y célébrer les fêtes, il se promenait en ski-doo lorsqu’une plaque glacée le fit dévier vers un bloc de ciment qu’il n’eut le temps d’éviter. Résultat: on lui diagnostiqua une fracture de l’humérus, de deux côtes flottantes, du tibia gauche ainsi que des deux chevilles. La plus sévère blessure demeurait cependant une lésion partielle à la colonne vertébrale ayant compressé sa moelle épinière. Une conséquence qui entrainait son lot de séquelles.
Encore aujourd’hui, plus d’un an après le jour fatidique, Vincent doit faire preuve de résilience et s’adapter à son nouveau quotidien. Il porte désormais des orthèses afin de palier la fragilité de ses chevilles et manque encore de force dans sa fesse droite. Dans le cas de blessures comme les siennes, on parle de plusieurs années nécessaires avant de parvenir à une récupération complète. Le jeune sportif relate d’ailleurs qu’au début de sa réhabilitation, il ne pouvait pas même bouger les jambes.
« J’ai remplacé le hockey par la physiothérapie, par les rendez-vous avec le psychologue et les entrainements au gym. J’ai complètement changé ma vie. »
Au-delà des séquelles physiques, de la démarche encore chancelante et d’une considérable perte de poids, c’est d’un point de vue mental que la douleur se manifesta davantage. On parle de deuils immenses, de rêves à laisser de côté pour un jeune qui chérissait la possibilité de devenir hockeyeur professionnel. Perte de confiance en soi, rupture, dépression, le parcours fut particulièrement difficile pour Vincent, qui espérait, malgré les propos des médecins, poursuivre sa passion pour le hockey et retourner à sa vie d’avant.
Après avoir pris le recul nécessaire pour aller de l’avant, Vincent sut que sa guérison serait surtout déterminée par son attitude. « Je savais que les plus gros mois de récupération sont parmi les 18 premiers. » affirme-t-il. Il puisa en lui une force qu’il avait sans doute sous-estimée dans le passé et tenta de repousser, jour après jour, les limites de son corps.
« Même lors des matins où je n’étais plus capable de supporter la douleur des médicaments et des piqûres et où je ne voulais simplement pas me lever, il n’était pas question d’abandonner. Je ne veux aucun regret dans ma vie. »
Cette décision de garder la tête haute et de ne jamais baisser les bras en toute circonstance lui fut d’une grande aide dans son cheminement vers la rémission. Il lui fallut tout réapprendre: utiliser ses membres et marcher (à l’aide d’une marchette, de béquilles, puis, d’une cane). Effectuer des tâches quotidiennes banales représentait désormais un défi de taille. Mais Vincent ne se laissa pas abattre par l’adversité; il saisit plutôt l’opportunité de devenir plus fort. « Tu finis par te rendre compte que tu n’as tellement aucune raison de t’apitoyer sur ton sort. Quand tu as tout, tu peux faire ce que tu veux, il faut seulement de la volonté. Maintenant, je suis un athlète dont le prochain défi est d’aller aux jeux paralympiques. Je veux aussi finir l’école et aller mieux au quotidien. », explique-t-il.
L’adolescent se consacre désormais à un tout nouveau projet: il compte partir en voyage seul pour une durée de quelques mois, question de se ressourcer après cet éprouvant épisode. N’ayant pas eu réellement l’opportunité de voyager dans le passé en raison du sport qu’il pratiquait, il espère cette fois-ci découvrir le monde tout en en apprenant davantage sur lui-même au cours de cette aventure.
Aujourd’hui en route vers une rémission complète, Vincent observe le changement majeur qu’a eu cette épreuve sur sa personnalité: « Avant mon accident, j’avais le profil du typique joueur d’hockey un peu égocentrique. Maintenant, avec tout ce que j’ai traversé, j’essaie d’être la meilleure version de moi-même et d’apprécier tout ce que je possède parce que j’aurais vraiment pu être mort présentement. »
La citation « winners never quit, quitters never win» correspond parfaitement au parcours de Vincent et à la détermination dont il fait encore preuve quotidiennement pour surmonter chaque obstacle.
« Je crois qu’il ne faut jamais abandonner car tout est possible, et que les résultats dépendent de notre attitude et de notre volonté à accepter de faire des sacrifices. Je sais que la vie fait bien les choses, que rien n’arrive pour rien et que l’on doit se concentrer sur le positif. »
Vincent rêve aujourd’hui d’être un homme qui aura du succès dans tout ce qu’il entreprendra. Grâce aux caractéristiques de combattant qu’il a acquises au fil de son parcours tumultueux, il n’y a pas de doute qu’il y parviendra.