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Activisme

L’art instigateur de changement

Juliette, étudiante de 19 ans au Collégial international Sainte-Anne, est une jeune femme ambitieuse et pétillante qui aime prendre part à de nombreux projets qui lui tiennent à cœur tout en portant une aide constante à sa communauté. Investie dans les causes qui lui sont chères, Juliette cherche à utiliser sa voix pour dénoncer certains aspects problématiques de la société actuelle et amorcer des discussions importantes notamment au sujet du féminisme. Sa récente œuvre vidéo intitulée « Un simple morceau de tissu » partage un message de solidarité féminine et sert de premier pas pour un dialogue pertinent sur la liberté et la normalisation du corps de la femme. Voici l’histoire d’une vidéo rassembleuse et du mouvement qu’elle a créé.

Un simple morceau de tissu: le concept

Dans ce court montage photo accompagné d’un message poignant écrit par la réalisatrice, on voit défiler des portraits de femmes de différents âges et couleurs qui sont fières et confortables dans leur peau. Cela a pour but de transmettre un message positif d’acceptation et de démontrer que l’on ne devrait pas laisser les autres nous définir par ce que l’on porte sur notre corps. « Les vêtements que l’on porte sont simplement une façon de nous exprimer et ne nous définissent pas en tant que personne. Je voulais le faire d’une façon qui était simple et légère à travers les photos où l’on voit des femmes souriantes, fières, confiantes, mais en intégrant aussi un message un peu plus songé qui allait frapper » explique Juliette. Ainsi, la création globale réside dans un heureux équilibre entre le texte lu et les photos en diaporama. Son objectif d’une grande importance tire ses origines dans des observations faites au cours du secondaire, alors que les comportements découlant du code vestimentaire ont offensé l’adolescente.

Ayant fréquenté un établissement d’enseignement privé, Juliette devait obligatoirement se vêtir d’un uniforme scolaire dont la longueur de la jupe était réglementée à huit centimètres en haut du genou. Tandis que certaines adolescentes se rebellaient et contrevenaient à la règle, Juliette, qui ne voyait rien d’affolant dans l’idée de porter une jupe longue, suivait le règlement. Or, c’est lorsqu’elle a commencé à recevoir des commentaires désobligeants de la part de d’autres étudiants par rapport à sa tenue qu’elle a constaté que la situation était plutôt alarmante. Certains adolescents, sans même la connaître, la considéraient de façon négative et la définissaient instantanément par rapport à la longueur de sa jupe.

« On sait que les femmes qui ont tendance à révéler davantage se sont souvent faites jugées dans le passé, mais moi c’était le contraire, je ne révélais pas beaucoup mon corps et je me suis fait un peu juger par rapport à ça ».

Auprès des élèves, une jupe courte était mieux accueillie et perçue comme plus désirable, alors qu’auprès des enseignants et des membres du personnel, la même tenue était vulgaire et déplorable. D’autre part, une jupe longue était reçue favorablement par le personnel mais entraînait moqueries et mesquineries provenant des étudiants. Juliette trouvait la situation ridicule, mais aussi complètement sans fond, alors que l’important était d’apprendre plutôt que de réguler et juger l’apparence vestimentaire.

« J’ai réalisé qu’on portait tellement beaucoup d’attention à la longueur de la jupe alors qu’on est juste là pour recevoir une éducation. »

Selon Juliette, ce même phénomène préoccupant est observable dans nombreuses sphères. Elle maintient qu’il est absurde que la valeur que l’on accorde à une femme soit si étroitement liée à la façon dont elle se vêtit. « On ne devrait pas juger une femme parce qu’elle a une jupe courte ou un « cropped top », elle a la même valeur qu’une personne qui porte un col roulé », affirme-t-elle.

« C’est ça l’essence de mon projet: notre valeur ne réside pas dans nos vêtements »

Lorsqu’elle a regardé les photos sur son ordinateur et qu’elle a constaté le côté spontané, authentique et parfois loufoque de certaines photographies, Juliette a su qu’elle devait opter pour un accent mis sur la femme dans son état naturel. Elle a donc repensé une partie de son texte pour y intégrer sa vision de la femme. Sa définition personnelle évoque avant tout la force et l’ambition féminine. « On est fortes quand on est ensemble ».

Au-delà du texte lu dans la vidéo, Juliette souhaite s’adresser aux femmes et leur rappeler qu’être une femme est un beau cadeau. « La femme a beaucoup travaillé dans le passé pour pouvoir avoir les droits qu’on a aujourd’hui. On a une histoire qui est très importante » énonce-t-elle. Elle invite les femmes à cesser de se questionner constamment sur leur apparence et cherche à partager un important message d’acceptation de soi.

« Je dirais aux femmes de juste accepter et apprécier qui elles sont, de foncer, de réaliser leurs objectifs et de vivre sans se poser trop de questions sur la vision que les autres ont d’elles. Si l’on sait qui on est, c’est tout ce qui importe. […] Quand on s’aime, la vie nous fait des cadeaux. »

Pourquoi la discussion en 2021?

Une progression à l’égard de la cause féministe est observée sur les réseaux sociaux notamment avec l’émergence du mouvement #metoo et la normalisation du corps de la femme alors que l’on remarque moins de connotation sexuelle automatique liée à la présence de la nudité sur les plateformes. Toutefois, encore en 2021, même si des discussions à ce sujet ont lieu, plusieurs femmes qui ne correspondent pas aux standards de beauté ou au « moule » sont dévalorisées selon Juliette. La vision de la femme parfaite est encore trop souvent représentée dans les médias et met beaucoup de pression sur les femmes pour atteindre des idéaux malsains et peu atteignables. Une certaine évolution est de mise.

« La façon dont on expose notre corps ou dont on ne l’expose pas ne devrait pas forcément être une discussion des autres, c’est notre décision à nous »

Juliette se dit tout de même optimiste face à l’avenir alors qu’elle constate beaucoup de personnes qui, comme elle le mentionne dans sa vidéo, se « lèvent debout ». Elle considère d’ailleurs que le message de sa vidéo sur les jugements associés aux tenues vestimentaires est lié à cette bataille pour une normalisation du corps de la femme et une promotion du « body positivity ».

« On s’en fout que tu aies des rides ou des vergetures, t’es belle pareil. »

Le mouvement pour lequel milite Juliette en est d’ailleurs un auquel adhèrent les femmes de toutes générations: « dans ma vidéo il y en a des femmes de 70 ans et plus qui sont totalement en accord. Il faut remanier notre pensée parce que l’on a été modelé à penser d’une certaine façon à travers les médias et tout ce que l’on voyait quand on était jeunes. »

Selon Juliette, tout part de la discussion et cette vidéo sert de premier pas pour initier le dialogue. Elle a d’ailleurs reçu plusieurs commentaires suite à la publication de sa vidéo sur les réseaux sociaux et beaucoup ont salué la pertinence de ce qu’elle partageait. Juliette se dit contente de constater une si belle réception au message et de voir que le mouvement peut continuer à l’extérieur de son cercle social. Le projet n’est définitivement pas terminé pour Juliette, qui souhaite apporter certaines modifications à la vidéo pour intégrer plus de voix différentes. « On les voit, mais on ne les entend pas, je veux vraiment qu’on les entende ».

Pour Juliette, l’avenir idéal en est un marqué par une discussion ouverte entre hommes, femmes et gens qui s’identifient au genre de leur choix afin que la femme ait une plus grande place dans la prise de décisions et qu’elle ne soit pas uniquement perçue au travers de ce qu’elle porte lorsqu’elle est dans une position de pouvoir. Elle envisage un monde dans lequel les gens peuvent accorder davantage d’attention au message que veut transmettre la femme, à ses propos et ses actions, plutôt qu’à ses vêtements et son extérieur. Un monde défini par plus de liberté et moins d’appréhension face à de potentielles critiques liées à l’apparence. « Un monde où l’on est libre d’être qui l’on est réellement sans la peur du jugement des autres ».


La vidéo de Juliette est juste ici:

Pour consulter sur instagram : https://www.instagram.com/tv/CH9EJ5RlCh4/?utm_source=ig_web_copy_link

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