Il y a de ces personnes qui ont l’aptitude de nous faire croire en de grands projets de société et qui, dès un jeune âge, façonnent le futur en s’engageant à faire une différence concrète et positive dans leur communauté. Sandrine Giérula, étudiante de 21 ans avec qui j’ai eu la précieuse opportunité de m’entretenir en début 2021, est l’une de ces personnes qui invitent à l’action et qui nous poussent à rêver d’un monde meilleur.
C’est vers l’âge de douze ans que Sandrine a développé un intérêt pour l’activisme en s’engageant, dans le cadre de son programme international, à faire de nombreuses heures de bénévolat et en intégrant les scouts, activité qui lui a permis d’apprendre sur la coopération, l’environnement et l’importante interaction entre l’humain et la nature qui l’entoure. Rapidement, elle est devenue ambassadrice pour le groupe des scouts et a parcouru le Canada pour partager les idées du programme à la jeunesse active du pays. Puis, son intérêt pour les mouvements instigateurs de changement s’est renforcé au cours de nombreux engagements sociaux et environnementaux. En 2016, elle prenait part au forum social mondial à Montréal, tenant le rôle de coordinatrice jeunesse et de conférencière dans cet événement essentiel au « bouillonnement d’idées progressistes pour un monde meilleur ». Au cégep, c’était dans le comité environnemental et lors de simulations des nations unies que Sandrine partageait sa vision avec ses collègues, travaillant également en parallèle avec l’organisation à but non-lucratif Environnement Jeunesse. Elle a aussi exercé un activisme d’influence avec les gouvernent provinciaux et fédéraux à la COP25, rassemblement sur les questions environnementales d’ampleur internationale. Mais pour Sandrine, la contribution à la cause environnementale est loin d’être terminée.
Souhaitant créer un impact à la source en réponse aux enjeux environnementaux, Sandrine entreprend actuellement des études en géographie environnementale pour bâtir des solutions concrètes à partir de petites communautés locales.
« J’ai rencontré des scientifiques extraordinaires qui contribuent autant à la collecte de données que dans la recherche de solution. »
Elle se dit inspirée par le travail concret dans la lutte contre les changements climatiques de ceux qui touchent directement au domaine de la science et qui travaillent sur le terrain.
Outre les études environnementales, Sandrine trouve le moyen, malgré la pandémie, de défendre ses idées progressistes. Elle prépare actuellement en partenariat avec un ami réalisateur un documentaire sur la résilience du Québec et l’intersectionnalité des enjeux sociaux et écologiques. « On essaie que ce soit une lettre ouverte du peuple au gouvernement et aux décideurs. » Explique-t-elle. Elle tient d’ailleurs à y faire entendre la voix d’une diversité culturelle et ethnique, notamment en intégrant des témoignages de membres de communautés autochtones.
Fleurs de Sandrine et l’activisme sur les réseaux sociaux
Voyant ses possibilités d’implications limitées pendant le confinement, Sandrine a aussi choisi de mettre à profit sa plateforme Instagram pour partager ses valeurs environnementales. Elle y partage des textes inspirants qui font du bien et reçoit une réponse positive des gens qui se disent davantage motivés à faire des changements dans leur quotidien. Pour Sandrine, toutefois, les réseaux sociaux doivent être utilisés avec modération et prudence.
« On a besoin de réseaux sociaux où l’on produit du contenu de façon intentionnelle pour s’assurer de garder la communauté positive et inspirante ».
Pour elle, bâtir des communautés qui échangent des savoirs de façon complètement démocratique est une pratique qui « fait du bien à l’âme ».
Souhaitant continuer le partage d’informations avec les internautes, Sandrine planifie aussi la mise sur pied d’un journal numérique dont la sortie est prévue dans quelques mois et sur lequel elle publiera recettes et astuces pour un mode de vie plus éco-responsable. Elle souhaite pouvoir y inciter les gens à se réapproprier un sens de communauté dans laquelle on partage. « On n’est pas obligés d’avoir chacun notre tondeuse, on pourrait en avoir une pour la communauté ». Explique-t-elle.
2020, une année différente pour la lutte contre les changements climatiques
Après une année ayant propulsé l’importance des changements climatiques aux sphères politiques, Sandrine regrette qu’en 2020, la pandémie ait limité l’attention médiatique accordé à la cause environnementale. Selon elle, la pandémie actuelle est le symptôme d’une plus grande crise: « On met tellement d’emphase sur la crise sanitaire qu’on oublie que si on ne règle pas aussi la crise écologique, on ne va pas juste vivre une seule crise sanitaire ». Toutefois, elle se dit enthousiaste d’avoir été témoin de belles initiatives virtuelles au cours des derniers mois.
« Il y a un développement des capacités de résilience de tous et chacun dans la manière de transmettre de l’information ».
Elle est satisfaite du beau taux d’échange et de réseautage lors des conférences en ligne et des nombreuses pétitions qui ont circulé sur le web. L’activisme en ligne a tout de même permis de nombreuses petites victoires, et ce, sans grand rassemblement. Elle trouve aussi que la pandémie a permis une importante année de réflexion: « On s’est mieux enracinés pour ensuite mieux fleurir ».
Sandrine pense que la différence peut se faire au sein de petites actions quotidiennes et est enthousiaste de voir plus d’alternatives pour les consommateurs, dont l’émergence d’une belle variété de boutiques zéro déchets sur l’île de Montréal. « J’ai l’impression qu’il y a quand même de l’espoir ». Cependant, il faut faire preuve de réalisme dans cette lutte, sans tomber dans le piège de l’éco-anxiété.
« Il faut essayer [..] de voir comment on peut envisager bâtir le monde de demain en tenant compte des pays à risque […] et faire preuve d’empathie et de résilience. »
La résilience est d’ailleurs une valeur souvent prônée par la jeune activiste. Pour elle, il s’agit d’accumuler des savoirs et de s’adapter adéquatement aux changements. « Une partie de la résilience s’insère dans les actions concrètes que l’on fait tous les jours ». Sandrine croit aussi beaucoup au phénomène émergent de décroissance, qui vise à briser un système trop capitaliste qui incite à la surconsommation et de plutôt réinventer les manières de consommer avec le partage des biens et l’économie circulaire. « On devrait se questionner davantage de l’influence de notre système économique sur l’environnement et sur nos sociétés » Soutient Sandrine, qui affirme toutefois que la décroissance dans sa définition la plus stricte ne peut s’insérer adéquatement dans notre société actuelle. Ça n’empêche pas de s’inspirer de l’idée et rendre nos habitudes plus durables. Voici quelques-uns de ses conseils.
Les trucs éco-responsables de Sandrine:
- Réduction des déchets avec les trois R: Réutiliser, recycler, réduire. Une façon de le faire est notamment d’acheter de seconde main et aussi apprendre à travailler avec ses mains pour réparer ce qui est brisé.
- Prôner les achats locaux pour réduire l’empreinte écologique: Favoriser une agriculture locale et urbaine et s’alimenter avec des produits saisonniers permet de limiter le voyage effectué par les aliments. On peut même cultiver notre propre potager si possible.
- Éviter le chimique: Refuser les produits ménagers et cosmétiques chimiques et éviter l’achat de vêtements en nylon ou en polyester qui rejettent des particules de plastique dans l’eau pendant le lavage.
- Près de la communauté: Être plus ancré dans sa communauté permet de favoriser le partage d’outils que l’on utilise peut et de se soutenir collectivement tout en tissant de belles connections. « On est complètement individualisé et on oublie de parler à nos voisins ».
- Étape par étape: Faire une transition graduelle vers un mode de vie adapté à ses capacités personnelles et sa situation financière
Il y a tant de façons d’adapter son quotidien et de prendre part à un mouvement positif qui croit au changement. Pour Sandrine, cette cause nous touche tous: « C’est une évidence dans tous les domaines, autant d’un point de vue scientifique qu’au niveau de la santé ou de la justice sociale, aucun individu ne peut rester complètement insensible à la crise écologique si on l’aborde de la bonne manière pour la personne ». Et c’est ce que Sandrine fait au quotidien: vulgariser, informer, sensibiliser… et façonner à sa manière le monde de demain.